L’eau : boire, trouver, purifier

Boire est un besoin si basique qu’on l’oublie parfois. Pourtant, en pleine nature, c’est souvent la toute première chose qui devient un vrai problème. Quand on part pour une randonnée, un bivouac, un road trip, ou un long voyage sans accès facile à l’eau potable, il ne s’agit pas juste d’avoir soif. Il s’agit de comprendre comment son corps réagit au manque d’eau, de savoir gérer ce qu’on a, de connaître les signes de déshydratation, et surtout de pouvoir trouver et consommer de l’eau en toute sécurité.

La déshydratation : un piège lent mais sûr

Quand on parle de déshydratation, on imagine souvent une situation extrême : perdu dans le désert, les lèvres sèches, titubant au soleil. La vérité est plus insidieuse. Il ne faut pas attendre d’avoir la bouche pâteuse ou la tête qui tourne. Le corps commence déjà à ralentir dès qu’il manque un peu d’eau. Moins de clarté mentale, moins de coordination, moins de capacité à garder sa température corporelle stable. Parfois, c’est juste un léger mal de tête, une sensation de fatigue… et on pense que c’est la chaleur, ou l’effort, ou le fait de ne pas avoir bien dormi. Alors qu’en fait, c’est juste qu’on ne boit pas assez.

Quand on est actif dehors – même par temps frais – on perd de l’eau en permanence : par la respiration, la transpiration, l’urine. Et dès qu’on ajoute le soleil, le vent ou un sac sur le dos, ça s’accélère. L’humidité trompe aussi : en forêt ou dans une jungle, on transpire abondamment sans toujours s’en rendre compte.

La clé, c’est donc d’anticiper. Boire régulièrement, dès le matin, même sans soif. Et surtout, de ne pas tomber dans le piège d’économiser sa gourde jusqu’à « avoir vraiment besoin ». Mieux vaut boire un peu souvent que beaucoup d’un coup. Et si tu n’as qu’une réserve limitée, la bonne stratégie n’est pas de s’en priver, mais de réfléchir à la prochaine source.

Prendre de l’eau avec soi!

Bien qu’apprendre comment trouver de l’eau dans la nature et la purifier, il est en fait bien plus important, logique (et facile) d’en emporter avec soi lors d’une sortie nature. Et pourtant c’est souvent négligé. Avoir une ou plusieurs bouteilles d’eau dans son sac (ou sa voiture) fait partie des éléments les plus importants. Cela permet de réguler sa température, d’éviter la déshydratation, et de rester plus serein en cas d’imprévus. Si on se perd, ou qu’une sortie s’allonge, ou bien qu’on se blesse par exemple, dans tous ces cas avoir de quoi boire aide le corps et le cerveau à rester en meilleur état pour faire face à ces situations.

Transporter de l’eau

C’est un point trop négligé. Avoir les moyens de transporter de l’eau est aussi important que de savoir où en trouver. Une simple bouteille plastique, c’est mieux que rien. Une gourde solide, c’est encore mieux. Mais en itinérance, ou pour s’adapter à des imprévus, avoir de quoi stocker plusieurs litres, même temporairement, peut vraiment changer la donne.

Un contenant souple, un réservoir pliable ou même un simple sac étanche peut faire l’affaire. L’important, c’est d’avoir plus d’un récipient, même improvisé. Parce qu’il ne suffit pas de trouver de l’eau : encore faut-il pouvoir la ramener jusqu’au bivouac, ou la stocker en attendant de la purifier.

Où trouver de l’eau dans la nature

Dans bien des endroits, l’eau est là. Elle coule, suinte, ruisselle. Mais encore faut-il savoir l’interpréter. Un filet d’eau limpide qui descend d’un flanc de montagne inspire confiance, mais une mare stagnante en plein champ, beaucoup moins. Et pourtant, dans les deux cas, on devra la purifier.

Les sources fiables sont rares, surtout à basse altitude. Un ruisseau qui jaillit directement d’une paroi rocheuse, sans passage humain ou animal en amont, est une bonne option. Mais même là, en théorie, la prudence impose une purification. Dans la plupart des cas, les points d’eau naturels sont contaminés, pas forcément par des produits chimiques, mais par des micro-organismes : bactéries, virus, parasites. Invisible à l’œil nu, mais parfois redoutables.

L’eau de pluie, si elle est collectée proprement, est souvent la plus sûre. Mais elle nécessite une bâche, un récipient, un peu d’organisation… et surtout : qu’il pleuve.

Les flaques, mares et zones stagnantes doivent être considérées comme des ressources de dernier recours. On peut y trouver de l’eau, certes, mais elle sera presque toujours chargée de matières en suspension et de pathogènes. Si c’est la seule option, mieux vaut la filtrer mécaniquement d’abord, puis la purifier.

Purifier l’eau : ne pas faire l’impasse

Il ne suffit pas qu’une eau soit claire pour être potable. C’est un piège courant. Une eau translucide peut contenir des agents pathogènes invisibles. Et boire de l’eau « naturelle » sans traitement est une prise de risque qu’on paye souvent cher, même plusieurs jours après. Vomissements, diarrhées, fièvre… Autant d’ennuis qui peuvent ruiner un voyage ou rendre une aventure très compliquée.

Il existe plusieurs façons de purifier l’eau :

L’ébullition est la méthode la plus fiable et universelle. Porter l’eau à ébullition pendant au moins une minute (et un peu plus en altitude) tue la grande majorité des agents infectieux. Mais encore faut-il avoir un feu ou un réchaud, un récipient adapté, et un peu de temps.

Les filtres portables sont une bénédiction. Ils permettent de boire directement dans la source ou de remplir sa gourde sans craindre les bactéries. Certains modèles éliminent aussi les virus, d’autres nécessitent une étape chimique en complément.

Les pastilles purifiantes (chlore, dioxyde de chlore, etc.) sont faciles à transporter et à utiliser, mais nécessitent un temps d’attente. Elles laissent parfois un goût désagréable, mais c’est un détail quand on a soif.

Le charbon actif, utilisé dans certains systèmes de filtration, permet aussi de retirer certaines substances chimiques, ainsi que les goûts et odeurs. Mais il ne suffit pas à purifier l’eau seul.

Enfin, les systèmes UV portables, très efficaces contre virus et bactéries, sont pratiques mais dépendent de piles ou batteries.

Dans tous les cas, purifier une eau douteuse est non négociable. Et pour ça, il faut avoir au moins une méthode sur soi à chaque sortie.

Boire intelligent

Quand on a de l’eau en quantité limitée, il faut l’utiliser intelligemment. Ne pas attendre d’avoir très soif. Boire par petites gorgées, régulièrement. Éviter de consommer beaucoup de sel ou de sucre, qui accentuent la déshydratation. Être attentif à son urine : si elle devient très foncée, c’est un signe clair qu’on ne boit pas assez.

Par temps froid, l’envie de boire diminue naturellement, mais les besoins restent là. L’air sec et froid déshydrate aussi. Par temps chaud, il faut boire plus, mais aussi se protéger du soleil pour limiter les pertes : chapeau, manches longues, pauses à l’ombre.

Et si on n’a plus d’eau ?

C’est le moment où le mental prend le relais. Il faut ralentir, éviter tout effort inutile, chercher de l’eau sans paniquer ni s’épuiser. Se rappeler que le corps peut tenir plusieurs jours sans eau, mais qu’il faut économiser ses forces. Si on transpire, on accélère la perte. Si on marche sans boire, on s’épuise rapidement. Dans ce genre de moment, chaque gorgée compte.

Le meilleur plan reste de ne jamais en arriver là. On anticipe. On connaît son itinéraire, on repère les points d’eau potentiels, on emporte plus que le minimum, et on prévoit une solution de secours.


L’eau, ce n’est pas seulement une ressource vitale en situation de survie. C’est une alliée silencieuse de toute sortie, de toute rando, de tout voyage. Apprendre à la gérer, c’est déjà être plus libre, plus autonome. Boire, c’est simple. Mais pouvoir boire, où qu’on soit, c’est une compétence.

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