Trois secondes sans attention : La première cause d’accident, c’est nous-mêmes
Dès qu’on est dehors, la toute première règle, avant même de parler de matériel ou de techniques, c’est l’attention. Trois secondes d’inattention suffisent à faire basculer une situation anodine en une situation critique. On ne tombe pas dans une situation de survie comme on tomberait dans une embuscade invisible : on y entre souvent à cause d’une accumulation d’erreurs banales, d’un relâchement de vigilance, d’un manque de préparation mentale.
Et c’est pareil dès qu’on part à l’aventure, en randonnée, à la montagne, ou n’importe quelle activité dans la nature. Ce sont souvent les petites inattentions qui rendent une situation très inconfortable, voire dangereuse. Un petit caillou dans la chaussure qu’on se dit qu’on enlèvera à la prochaine pause, c’est l’ampoule assurée. Un moment de manque de vigilance en utilisant son couteau et c’est la blessure (parfois très grave). Un peu trop de flemme quand on commence à avoir froid et c’est un pas de plus vers un très mauvais moment ou bien l’hypothermie. Un peu d’inattention au moment de secouer ses affaire le matin au bivouac, et c’est le grain de sable dans l’œil et l’aveuglement.
On pourrait résumer ce point en une seule phrase : le cerveau est votre meilleur outil de survie. Et si vous oubliez de vous en servir, tout le reste devient inutile.
🌲 La survie commence dans la tête, pas dans le sac à dos
On a tous vu ces vidéos ou ces posts où quelqu’un part dans la forêt avec un couteau, une gourde et une pierre à feu, prêt à « survivre ». Mais avant le feu, l’eau ou l’abri, ce qui sauve vraiment, c’est l’état d’esprit.
La survie n’est pas un art de héros ou de guerriers, c’est une question de lucidité, de calme, de prise de décision au bon moment.
Vous pouvez avoir tout le matériel du monde dans votre sac. Si vous marchez en regardant votre téléphone, que vous glissez sur une pierre humide, que vous vous tordez la cheville à 10 km du premier chemin carrossable… tout ce matériel ne vous servira à rien si vous ne pouvez plus bouger.
Et pourtant, ce genre d’accident est extrêmement courant : chutes, entorses, hypothermie due à une immobilisation prolongée, perte de repères après un moment de panique…
⚠️ Les erreurs les plus courantes
Voici une liste non exhaustive d’erreurs qui, bien que souvent anodines, peuvent devenir fatales si on n’y prend pas garde :
1. La précipitation
« On est pressés, on ne vérifie pas la météo, on ne regarde pas la carte, on suit un sentier sans réfléchir… »
La précipitation est l’ennemi numéro un. Elle pousse à sauter une étape essentielle, à ignorer un détail crucial. En montagne, une erreur d’itinéraire peut coûter des heures de marche, voire vous amener dans un endroit dangereux.
2. La distraction
« Un selfie au bord d’une falaise, un pas de travers dans un pierrier, et c’est la chute. »
La nature est belle, mais elle est aussi brutale pour ceux qui ne respectent pas ses règles. Quand on oublie où on met les pieds, ce sont nos os qui nous rappellent à l’ordre. Une entorse en ville ce n’est rien, une entorse loin de la civilisation ça peut vouloir dire une nuit dehors alors qu’on n’y était pas préparés, et peut-être sans matériel.
Un faux pas à la montagne, c’est souvent très dangereux voir mortel. En haute montagne c’est même interdit, les conséquence sont trop grave.
3. La sur-confiance
« Je n’ai pas besoin de carte, je connais le coin. J’ai un super GPS. J’ai fait ce sentier cent fois. »
La plupart des accidents arrivent à des gens expérimentés, tout simplement parce qu’ils relâchent leur vigilance. La connaissance ne vaut rien sans humilité.
Deux autres facteurs, c’est l’effet de groupe et avoir trop confiance dans un leader, le premier empêche souvent les gens d’exprimer leur crainte, le deuxième amène à des catastrophes (même un guide de montagne peut faire des erreurs). Et ces deux facteurs vont souvent de pair. Un exemple récent est la tragédie lors de la traversée Chamonix-Zermatt du 29 avril 2018 ou tout un groupe de skieur s’est retrouvé à passer la nuit dehors à quelques mètres d’un refuge à cause de mauvaise décision de leur guide, et parcqu’aucune voix ne s’est (suffisamment) élevé contre lui.
Savoir faire demi-tour, c’est primordial dans la nature et en montagne.
4. Le déni ou la minimisation
« Je suis juste un peu perdu, mais ça va aller. Ce n’est qu’une petite douleur, je peux continuer. »
Chaque alerte que vous ignorez vous pousse un peu plus loin vers la zone rouge. La survie, ce n’est pas attendre que ça aille mal pour réagir : c’est anticiper avant que les choses empirent.
🧠 Développer un état d’esprit de vigilance
Être attentif, ce n’est pas être parano. C’est simplement adopter une posture proactive.
C’est avoir un œil sur le sol, un œil sur le ciel, et toujours une pensée d’avance sur ce que vous faites et ce qui pourrait se produire.
Voici quelques habitudes simples à ancrer dans votre comportement :
- Observer où vous mettez les pieds, surtout dans les terrains irréguliers (racines, pierres, dénivelés).
- Faire régulièrement des pauses pour vérifier votre position, observer les signes de fatigue, de froid ou de déshydratation.
- Vérifier la météo avant de partir et adapter votre itinéraire si nécessaire.
- Informer quelqu’un de votre itinéraire et de votre heure prévue de retour.
- Ne jamais ignorer une sensation de malaise ou une blessure légère.
🎯 En résumé
« La meilleure survie, c’est celle qu’on évite. »
Le plus grand mythe autour de la survie, c’est qu’elle commence quand on est dans la merde. En réalité, la survie commence bien avant : au moment où vous décidez d’agir intelligemment, de rester alerte, de ne pas faire d’erreur stupide.
Chaque chute évitée, chaque décision prudente, chaque moment d’attention, c’est un risque en moins, une sortie plus agréable, une vie préservée.
La première étape pour devenir quelqu’un de préparé n’est pas d’acheter du matériel ou d’apprendre à faire du feu sans allumette.
C’est de réapprendre à être présent, à réfléchir, à faire attention.
Et ça, ça ne coûte rien. Mais ça peut tout sauver.